Extraire la thématique de la liberté d’expression de son domaine proprement juridique pour la ramener à la spéculation philosophique permet de lui offrir un revêtement axiologique à une période où s’exprimer librement semble correspondre à la permissivité de tout dire et de rire de tout. Il est donc légitime de repenser notre rapport collectif à ce droit dans les espaces publics démocratiques et numériques où notre responsabilité morale est hautement réclamée. Cet article défend l’idée que l’aménagement du droit à la liberté d’expression ne peut se faire dans le cadre restreint d’un formalisme juridique car « vouloir tout régler par des lois, c’est irriter les vices plutôt que de les corriger. » (B. Spinoza, 1965, p. 331). En plus du droit, faut-il prévoir une perspective philosophique pour que s’allient le droit et l’éthique. C’est par une limitation juridique de la liberté d’expression et par l’observance des procédures éthiques que certaines irrévérences langagières connaitront une réglementation optimale. La présente contribution expose les dangers de l’usage inadéquat d’un droit-liberté complexe, qui ne peut ni être supprimé ni être autorisé sans limitation. Mots-clés : Droit, espace public, liberté d’expression, éthique, numérique