Malgré son omniprésence dans les discours sur le développement international depuis la fin des années 80, nonobstant la place centrale qu'elle occupe dans les politiques de développement en Afrique, et bien qu'ayant fait l'objet de nombreux travaux en sciences sociales et humaines, la « bonne gouvernance » demeure un concept fourre-tout et mal défini. Ainsi, cet article, qui s'inscrit dans la perspective de la sociologie du développement, et qui mobilise un corpus de données issues de la littérature scientifique et grise, se fixe comme objectif de mieux l'élucider. Si, historiquement, elle existait depuis des décennies, l'analyse montre que c'est surtout à la suite de l'échec des programmes d'ajustement structurel, dû en partie par celui de l'État développeur dans la gestion de l'aide publique au développement (APD), que la notion de bonne gouvernance, a émergé dans l'arène du développement en Afrique. S'inscrivant dans la perspective de réorientation des politiques d'APD dans les pays « en voie de développement », considérant la participation de la société civile au processus du développement comme « alternative » à l'échec de l'État, notamment à la faveur de l'avènement de la démocratie au début des années 90, la bonne gouvernance se présente en Afrique comme la nouvelle conditionnalité politique de l'APD. Malheureusement, cette conditionnalité à géométrie variable s'applique aux pays africains au gré des intérêts stratégiques des partenaires financiers qui, pourtant, sont ses principaux promoteurs. Mots-clés : Afrique, aide au développement, bonne gouvernance, conditionnalité politique, démocratie.