LE MASQUE CHIRURGICAL AU CŒUR DU SOCIAL : ENTRE EXIGENCES SANITAIRES, CONSOMMATION ET MARCHANDISATION
Auteur.e.s
Roseline Gbocho N’DA , .
Résumé
Cet article analyse le processus par lequel le masque chirurgical, conçu à l’origine comme dispositif médical, a été progressivement transformé dans l’espace social et économique ivoirien à la suite de la pandémie de la COVID-19. La problématique porte sur la manière dont un objet biomédical, d’abord imposé comme contrainte sanitaire, acquiert de nouvelles significations sociales et marchandes. L’objectif est de comprendre les logiques sociales, symboliques et économiques qui structurent ce passage d’un usage strictement médical à une appropriation profane. L’approche repose sur une enquête qualitative combinant des entretiens semi-directifs et des observations de terrain. Trois principaux résultats se dégagent. (1) Premièrement, le port du masque est devenu une pratique sociale ordinaire, intégrée aux habitudes quotidiennes et associée à une forme de civilité sanitaire. (2) Deuxièmement, le masque a contribué à reconfigurer les rapports sociaux en produisant des usages symboliques divers : il est tour à tour signe de distinction, motif de stigmatisation et rappel de l’expérience collective de la pandémie. (3) Troisièmement, l’essor d’un commerce parallèle, alimenté par les marchés informels et des initiatives locales, a consacré le masque comme produit marchand circulant au-delà des circuits médicaux institutionnels.
Mots clés : masque chirurgical, produit médical, objet social, COVID-19, Côte d’Ivoire