Ce texte examine les perceptions de leaders religieux liées au décret n°2016-791 qui encadre les nuisances sonores issues des lieux de culte dits de « proximité-habitats » en Côte d’Ivoire. Adoptée en 2016, cette loi suscite des lectures conflictuelles sur fond de tensions entre ordre juridique laïque et logiques cultuelles. Une étude qualitative menée à Bouaké auprès de guides religieux musulmans et évangélique-pentecôtistes, a permis de faire ressortir la crainte des conséquences judiciaires et civiques de l’application du décret, perçue comme une remise en cause de l’autorité morale et de la respectabilité des chefs de culte. Ensuite, l’analyse, met en lumière la diabolisation du décret sur fond de complotisme politique, d’opposition maçonnique au développement du pentecôtisme, et de suspicion quant à l’emprise croissante de l’Islam sur l’administration religieuse. Enfin, nous examinons la reconnaissance des nuisances sonores tout en soulignant l’incompatibilité entre la vocation des lieux de culte et leur pénalisation, ouvrant la voie à une contre-stigmatisation symbolique des acteurs religieux. L’article met ainsi en lumière les enjeux symboliques, identitaires et politiques d’un encadrement sonore qui, loin d’être neutre, s’inscrit dans les recompositions contemporaines de la laïcité ivoirienne.
Mots clés : Lieux de culte, nuisances sonores, réglementation, laïcité, Côte d’Ivoire.