Infundibulum Scientific

SAUVEGARDE DURABLE DE LA BIODIVERSITÉ IVOIRIENNE ET RÉFLEXION DE LA COMMUNICATION ENVIRONNEMENTALE

Sustainable safeguarding of ivoirian biodiversity and reflection about environmental communication

Aya Carelle Prisca KOUAMÉ-KONATÉ
Université Alassane Ouattara
Enseignante-Chercheure
carellepriscaayakouame@yahoo.fr

Résumé

Mots-clés, Keywords, Palabras clave

Communication, risque du réchauffement climatique, biodiversité, éducation à l’environnement, Comunicación, riesgo de calentamiento climático, biodiversidad, educación al medioambiente, Communication, risk of global warming, biodiversity, environmental education

TEXTE INTÉGRAL

Introduction

La prise en compte de la notion de protection de la diversité biologique constitue depuis plusieurs décennies l’un des points focaux des préoccupations planétaires. Pour preuve, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Sommet de la Terre de Rio) tenue en 1992, (B. Roussel, 2005), s’articulait autour de l’agonie de la biodiversité considérée comme une priorité, soldée par la convention sur la diversité biologique. La Côte d’Ivoire non contente d’être en marge de ses efforts salutaires, a ratifié cette convention le 29 novembre 1994, (Ministère de l’Environnement et du Cadre de vie). Depuis, nombreuses sont les actions posées et engagées en faveur de la sauvegarde et la gestion de la biodiversité ivoirienne, ainsi que le développement durable pour le respect des engagements envers la communauté internationale. L’abnégation de nos autorités politiques pour la sauvegarde de la diversité des êtres vivants dans le milieu ivoirien, s’est ainsi traduit par l’adoption de la loi, n°2002-102 du 11 février 2002, (K. N’da, 2014), portant création, gestion et financement des Parcs Nationaux et Réserves Naturelles. Partant une pile de stratégies élaborées se sont succédées, jusqu’à la dernière en date du jeudi 15 février 2018, (Ministère de l’environnement et du développement durable,2018), mettant l’accent sur des approches de développement pour la durabilité transformationnelle de la diversité biologique. Malgré tous les efforts acharnés du politique à sauver l’écosystème et l’environnement en Côte d’Ivoire, la forêt reste sujet à diverses menaces.

Présentement, 80% des forêts de la Côte d’Ivoire ont disparu […] De plus de 16,5 millions d’ha à l’indépendance en 1960, le couvert forestier ivoirien est progressivement passé à environ 12 millions d’ha en 1970 puis à 4 millions d’ha en l’an 2000. De nos jours, il ne reste plus qu’environ 2 millions d’ha de forêt à la Côte d’Ivoire […] le temps joue contre nous (Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, 2018).

En effet, les forêts ivoiriennes ont fortement diminué sous diverses pressions anthropiques. Bien connues pour leurs atouts variés, difficile pour elles d’échapper à ce rétrécissement de leur surface. Elles sont à ce jour victimes des effractions causées par la réalisation de grandes exploitations agricole, animale, immobilière, etc. Ces indélicatesses dans la majorité des cas causés par l’Homme au prix des risques écologiques que peuvent rencontrer le pays et ses résidents, c’est-à-dire lui-même. De ce fait, pourquoi les attaques accrues des individus sur la faune et l’écologie ivoirienne persistent malgré tous les efforts menés de l’autorité en faveur de la sauvegarde de la biodiversité ? Cette incessante altération ne voilerait-elle pas une insuffisance éducative des personnes sur le bien-fondé de la conservation d’une diversité biologique et les risques liés à l’avancée du désert ?

Notre questionnement nous mène dans un premier axe qui expose la clarification des différentes notions fondamentales de notre étude. En second point, l’accent est mis sur la présentation des résultats des rapports des actions menées ces dix dernières années sur la protection de la diversité biologique et leur interprétation sur le plan politique, économique, sociale, que culturel. La dernière phase de cette étude met en lumière un programme de communication sur les risques du réchauffement climatique et une éducation environnementale des populations ivoiriennes, afin de les encourager à sauvegarder durablement la biodiversité de ce pays.

La réalisation de cet article, est donc plus qu’une évaluation, mais une proposition explicative de la valorisation de l’éducation des populations en Côte d’Ivoire en lien avec la gestion environnementale et aux risques du réchauffement climatique comme moyen de protection de sa diversité biologique.

1.Méthodologie

La collecte des données de ce travail s’adosse à l’analyse documentaire et l’entretien. La documentation mobilise plusieurs sources à savoir les archives de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), des ministères de l’environnement, celui des Eaux et Forêts, ainsi que ceux de la Société de Développement des Forêts sur une période de six mois.

Dans l’investigation, la liste de nos mots clés guide notre sélection, pour repérer les publications jugées pertinentes et indispensables pour notre travail, même si au niveau national les activités de communication portée sur l’éducation environnementale sont quasiment inexistantes. Certaines visites effectuées à la Direction Technique de l’OIPR, favorisent le bon déroulement de nos entretiens, avec des chefs de services pour nous situer davantage sur les missions effectuées. Néanmoins certains articles, livres de spécialistes de la biodiversité, des rapports et stratégies élaborés du ministère à charge de la gestion de la diversité biologique collectés sur leur site internet respectif enrichissent notre formation.

L’analyse de contenu, légitime l’orientation de l’interprétation des informations recueillies et limite notre choix sur les travaux de 2011 à ce jour, pour l’interprétation de nos résultats. Cette démarche favorise le traitement des différents facteurs influençant les choix des autorités, des populations vivant à l’intérieur ou en périphérique des parcs, réserves et forêts classées, depuis dix années, tout en fournissant pour ce travail des pistes d’application et des stratégies de communication d’intervention possibles.

2. Cadrage théorique

Quant à notre ancrage théorique, il s’appuie sur la théorie constructiviste et la théorie du changement socio-environnementale. Pour les penseurs de la première méthode, inversement aux behavioristes, les constructivistes jugent que chaque individu en phase d’apprentissage fonde la matérialité, ou l’éclaircit, en s’adossant sur sa représentation des connaissances antérieures. Selon le modèle constructiviste, l’acquisition d’expériences n’est concrète par un aménagement de perceptions intellectuelles précédentes, une action d’élaboration ou d’exécution.

L’assimilation et l’accommodation, pour Piaget, « forment un couple indispensable à l’activité cognitive dont les différents processus d’équilibration seront développés dans l’équilibration des structures cognitives » (J. Piaget, 1975, p. 39). Le même auteur approuve que, « l’assimilation désigne la réintégration d’éléments externes nouveaux dans une structure interne préexistante; l’accommodation désigne l’adaptation de l’organisme aux variations externes qu’il ne réussit pas à assimiler ». Elle nous servira donc a montré, l’intérêt de la prise en compte des habitudes, des cultures et des coutumes des populations ivoiriennes avant les phases d’éducation environnementale et les risques du réchauffement climatique, pour une sauvegarde durable de la biodiversité ivoirienne. Par la suite cette théorie découle de la « modernisation écologique » qui est un terme dont la paternité est quasiment décernée à (J. Huber, 1985) et (M. Jänicke, 1985), deux politistes allemands qui font partie des instaurateurs de l’approche sociologique de la « réforme environnementale », (F. H. Buttel, 2003, p. 306). Selon cette vision, l’étude de l’environnement ne doit pas se contenter d’analyser les agressions environnementales ou leur gestion, mais de préférence s’intéresser à la façon de construire les problèmes environnementaux par les autorités publics et privés dans l’intention de les capter.

Pour les responsables étatiques, la modernisation écologique est un concept qui exprime l’idée d’une réélaboration des préoccupations environnementales et de leur management. Cette conception nous oriente dans nos travaux, en ce sens qu’elle approuve que, l’étude de la biodiversité ivoirienne ne devrait pas s’abréger à l’analyse des dégradations qu’elle subit mais plutôt s’intéresser à la manière dont les décideurs publics et privés construisent la problématique environnementale pour mieux la maitriser. Elle encourage donc, au niveau de l’action publique la prise en compte d’autres stratégies pour une gestion durable de la diversité biologique par les pouvoirs à charge en Côte d’Ivoire. Cette modernisation écologique est une notion qui exprime l’idée d’une revalorisation des questions environnementales dans le pays et de leur traitement.

3. Comprendre le triptyque : « communication du risque du réchauffement climatique », « biodiversité » et « éducation environnementale »

Comment appréhender cet horizon particulier des études en communication environnementale ? Quelle orientation lui donner ? D’entrée de jeux, les premières lignes de notre réflexion s’annonce par les tentatives de définition des principales notions : celles de la communication du risque du réchauffement climatique, de la biodiversité et de l’éducation environnementale. En effet, l’analyse de la communication du risque, implique une connaissance des paramètres en lien avec les causes de ce phénomène, ainsi que les relations entre l’être humain et son environnement. Cependant, pour mieux cerner le contenu de l’expression « communication du risque du réchauffement climatique », il est pour nous adéquat de dissocier les termes pour une meilleure compréhension. De ce fait comment comprend-t-on la communication du risque ? (B. Bathelot, 2018) écrit :

la communication du risque est, comme son nom l’indique, une communication qui vise à informer sur un risque avéré ou potentiel à des fins de prévention et de limitations des effets de ce risque. La communication du risque peut être utilisée dans le domaine de la santé par des entreprises ou collectivités (risque sanitaire) ou avoir trait à des risques industriels (pollution particulièrement dangereuse), donc environnementaux.

Cette forme de communication vise l’obtention des actions pour la prévention, la sécurisation et le traitement de la part des individus exposés au risque tout en limitant les effets de bord ou de panique. Le réchauffement quant à lui se définit de façon plus précise par le Groupe International d’Experts sur le Climat, sur l’une des pages de la revue climat.be, comme l’augmentation des températures liées à l’activité industrielle et notamment à l’effet de serre. Ils précisent que l’on parle des fois du réchauffement climatique dit d’origine anthropique c’est-à-dire d’origine de la pression humaine. Il s’agit donc d’une forme de réchauffement climatique dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et industrielles.

Dans un sens simplifié, le réchauffement climatique est un phénomène global de transformation du climat caractérisé par une augmentation générale des températures moyennes liée aux activités humaines, sur la diversité biologique qui modifie durablement les équilibres météorologiques et les écosystèmes. Grosso modo, la communication du risque du réchauffement climatique peut être perçu comme, l’ensemble des procédés communicationnels dont l’objectif est de prévenir des catastrophes que peuvent provoquer les pressions anthropiques sur la biodiversité, sur l’environnement.

Partant, la biodiversité, à son tour, selon la page Actu Environnement, désigne la variété des écosystèmes et des espèces génétiques. C’est aussi l’ensemble des écosystèmes, des espèces aquatiques et les espèces vivantes sur terre. Il est en outre tout à fait naturel qu’elles subissent les changements, puisqu’elles englobent tout ce qui existe sur la planète. Ses mortifications qui subviennent par les agressions humaines, selon les experts sur le climat sont l’une des principales causes du réchauffement climatique. C’est en ce sens que l’éducation environnementale qui est « le processus de reconnaissance des valeurs, de clarification de concepts qui développent les compétences, les attitudes nécessaires pour comprendre, apprécier les relations entre les personnes, leur culture et leurs contextes biologiques ainsi que physiques » (IUCN, 1971, p. 3), apporte avec une démarche décisionnelle, une autoformation du comportement des individus par rapport à la qualité et la préservation environnementale. De ce fait la Côte d’Ivoire pourrait ainsi gagner une gestion durable de sa diversité biologique, par l’éducation de ses populations en matière d’environnement sur la communication des risques du réchauffement climatique. En outre, dans quel état se trouve la biodiversité ivoirienne et comment se fait sa gestion ?

4. Analyse des données : résultats et interprétation

L ’urgence de la préservation des constituants de la diversité biologique de Côte d’Ivoire, représente depuis plusieurs décennies, l’un des défis que ses autorités étatiques s’échinent à relever. L’élaboration de stratégie, la participation à des colloques internationaux et les enchaînements de nombreux ateliers tenus à ce sujet comme, la participation aux différents Conférences des Parties (COP) depuis 2015 et l’actualisation du code forestier depuis 2019, ne viendront pas dédire notre affirmation. Conformément aux investigations menées auprès des différentes structures à charge de la gestion de la diversité biologique, (Ministère de l’Environnement, Office Ivoirien des Parcs et Réserves, Société de Développement Des forêts), depuis 2010, 342 activités portant sur la gestion durable de la biodiversité ivoirienne ont été organisées dont 20 par le ministère de tutelle. 252 d’entre elles portent spécifiquement sur les parcs nationaux, les réserves, et 80 sur la biodiversité de façon générale. Les lignes qui suivent présentent linéairement les actions par lieux, par périodes, par structure, par cible et aussi la visée communicationnelle.

GRAPHIQUE n°1 (Voir pdf)

Le schéma ci-dessus présente d’une manière générale, l’ensemble des activités en faveur de la préservation de la richesse biologique depuis 2011 à ce jour. L’année 2019 semble selon nos données la plus moissonneuse tant au plan national qu’international. Elle marque le lancement d’activités novatrices comme « une journée un million d’arbres » matérialisée le 15 novembre, journée de la célébration de la paix par le Ministère des Eaux et Forêts. D’autre points forts comme l’adoption du nouveau code forestier, l’installation du comité permanent d’organisation des conférences des parties sur le climat caractérisent cette année.

Le Rapport pays du développement durable en Côte d’Ivoire dans la perspective de Rio+20 et la stratégie nationale de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique de la Côte d’Ivoire, constituent deux projets complets parmi tant d’autres élaborés pour l’atténuation de la dégénérescence de la richesse naturelle floristique et faunique ivoirienne. Les différents chiffres présentés par nos investigations confirment que l’année 2020 est quasiment passée sous silence, faute à la pandémie de la COVID 19, selon les propos de nos autorités interviewées.

L’Office Ivoirien des Parcs et Réserves n’est pas resté en marge de la lutte contre la propension de cette maladie à Corona virus. Pour preuve, trois activités portant sur la formation de ses agents figurent sur la liste des actions de cette dite année, ainsi que l’équipement des agents à charges de la gestion du Parc de TAÏ afin de mieux faire respecter les gestes barrières.

GRAPHIQUE Nº2 (Voir pdf)

Source : notre conception

D’un point de vue global, la première interprétation qui découle de ce graphique se situe dans le sens que les animations en faveur de la préservation de la biodiversité, ne s’étendent pas sur tout le réseau des Parcs et Réserves de Côte d’Ivoire, ainsi que des barrages hydroélectriques. En effet, nous observons sur les 8 parcs, les 8 réserves que comprend le couvert biologique national, seulement 4 (parc national de Comoé, parc national d’Azagny, parc national de Taï, parc national des îles Ehotilés) et trois réserves font l’objet d’intérêt depuis dix années. 2 barrages hydroélectriques sont aussi sujet d’intérêt.

Les derniers états des lieux de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves montrent clairement que la superficie de la biodiversité n’est qu’en décadence. En effet, au début du siècle passé étendue à près de 16 millions, la couverture forestière nationale régresse respectivement de 7850864 millions d’Hectares en 1990, à 3401146 millions d’Hectares en 2015 et depuis 2017 à quasiment 2 millions d’Hectares. En somme, bien que par nos recherches, nous déduisons que les autorités étatiques de Côte d’Ivoire ne modèrent pas leurs énergies dans la lutte contre la disparition de la diversité biologique, il paraît impétueux pour nous de quantifier et répertorier ces actions à travers certains critères.

TABLEAU N°1 : CLASSIFICATION DES ACTIVITÉS EN FONCTION DE LA NATURE (Voir pdf)
Source : notre conception

TABLEAU N°2 : RANGEMENT DES ACTIVITÉS EN FONCTION DE LA CIBLE ET DE LA VISÉE COMMUNICATIONNELLE (Voir pdf)
Source : notre conception

Ces tableaux présentent d’une part, les activités effectuées en fonction de la structure à charge de la gestion, la nature, la cible et la visée communicationnelle. Nos résultats montrent que le MEF organise depuis dix années 48 actions, soit 14,03% des activités sur la préservation du couvert forestier et la protection de l’environnement. Cet ensemble regroupe 28 colloques, conférences, ateliers nationaux et internationaux, 13 cérémonies de reboisement et 05 campagnes de sensibilisations. Le MEDD, quant à lui enregistre 37 activités qui représentent 10,81% de la moyenne nationale. Il englobe 16 programmes de déguerpissement, 19 colloques, conférences, ateliers nationaux et internationaux, ainsi que 02 campagnes de sensibilisation. L’OIPR conserve 187 actions dans sa balance qui lui confère une moyenne de 54,67%, avec 37 programmes de déguerpissement, 108 colloques, conférences, ateliers nationaux et internationaux, 13 cérémonies de reboisement et 29 projets de sensibilisation réalisés. Enfin la SODEFOR, totalise 70 actions, c’est-à-dire 20,46% du rapport national, dont 29 colloques, conférences, ateliers nationaux et internationaux et 41 programmes de reboisement.

Nos tableaux confirment la quasi absence des actions menées dans le sens de la participation communautaire ainsi que pour l’éducation environnementale. De ce fait, il est subséquemment inconditionnel pour nous, de penser à remodeler les techniques, en ponctuant l’étape de l’éducation et l’information des populations, dans cette quête commune de la préservation des richesses forestières. Alors, comment comprend-t-on cette éducation ?

5. Prospectives communicationnelles et intérêt de l’éducation

5.1. Pourquoi éduquer les populations ?

L’éducation est un mot directement issu du latin educatio de même sens, lui-même dérivé de ex-ducere, ducere signifiant conduire, guider, commander et ex qui veut dire hors de. L’éducation c’est faire produire la terre, faire développer un être vivant, guider hors de. (F. GAFFIOT, 1934, p. 416). Ce vocable pourrait donc, renvoyer, à l’apprentissage et au développement des capacités de l’intellect, tant morale que physiques, des ressources et des productions de cet exercice.

L’éducation humaine, comme l’approuve Durkheim, prend non seulement en compte, la transmission des richesses, mais aussi des valeurs culturelles que caractérisent le lieu géographique et l’histoire. Pour lui, c’est « une socialisation méthodique de la jeune génération ». Ce processus permet aux individus selon la vision Durkheimienne, d’intérioriser des valeurs et des normes propres à l’environnement dans lequel ils se trouvent. Partant, si la socialisation dans un cas allusion à l’éducation, éduquer une population donnée, sur un fait, renverrait donc mêmement à guider ces personnes à la culture, au respect des règles propres à cette situation. Par suite, assister les populations ivoiriennes à intérioriser des mesures relatives à la gestion durable de la biodiversité, peut efficacement aider à la protection de cette richesse.

L’écosystème de leur pays est le leur, certains de leurs mythes y sont attachés, c’est certainement donc la grotte de leurs ancêtres, de leurs coutumes, c’est leur âme. Sur ces entrefaites, il serait opportun de révoquer la légitimité de la gestion durable de la diversité biologique aux résidents du sol ivoirien, comme bien commun, comme source de vie, de survie, dans l’espérance que les regards s’améliorent dans l’utilisation de celle-ci. Il urge à cet effet, d’éduquer les individus sur la nécessité de comprendre que l’absence de la biodiversité peut engendrer un déséquilibre entre les êtres humains et leur environnement. La biodiversité a priori accorde à chaque être vivant s’y trouvant la possibilité de s’alimenter par elle. À ce niveau, le tableau ivoirien de « l’inventaire taxinomique des plantes alimentaires de cueillette a permis d’inventorier 120 taxons » (A. Assi, 1998, p. 5).

Le Centre d’échange d’information de la Côte d’Ivoire promeut que la diversité biologique est gage d’un bon fonctionnement des écosystèmes. Elle est d’une importance économique remarquable et requiert des valeurs thérapeutiques ainsi qu’esthétiques. Rajoutons que, c’est tout un patrimoine dont la gestion et la sauvegarde sont désormais un véritable cheval de bataille, pour les personnes à charge de la gestion et de la promotion des richesses touristiques de la Côte d’Ivoire. Il est donc impérieux que toutes les disciplines s’y penchent véritablement, dans l’intérêt d’une meilleure valorisation et un développement durable de cette diversité biologique. Car, « il ne reste plus qu’environ deux millions d’hectares de forêts à la Côte d’Ivoire et le temps joue contre nous » (A. D. Ouloto, 2018). Dès lors, que peut-on réellement attendre de la communication ? Cette inquiétude suscite la réorientation des projets de gestion durable de la biodiversité, par une communication des risques du réchauffement climatique en matière d’éducation environnementale.

5.2. Proposition de la communication

Le processus d’éducation des individus en vue de la sauvegarde de la biodiversité, (L. Sauvé, 1997, p. 12) ivoirienne, doit être organisé en plusieurs phases d’apprentissage afin d’aider les concernés dans l’acquisition des connaissances relatives à la gestion de la biodiversité. Il est impératif qu’il prenne en compte les questions précises concernant l’importance de la biodiversité. Le programme doit motiver les personnes et leur donner le discernement personnel dont ils auront besoin afin de mettre en application ces connaissances.

Les populations doivent développer les aptitudes adéquates d’une gestion efficiente de la diversité biologique. Encourager la création d’un milieu participatif favorable à la sauvegarde du milieu naturel. Les informations directement liées à leur niveau de développement, (M. Moro, 2013, p. 26) et à leurs besoins personnels concernent avant tout la prévention des agressions futures. Elles prennent aussi en compte, l’intégrer des données pertinentes sur les exploitations autorisées et proscrites par la loi.

Le premier challenge vise à reconnaître les aptitudes et les ressources pouvant favoriser l’atteinte des effets escomptés. La transformation de leurs anciennes habitudes en comportements nouveaux leur donnera lieu de perfectionner leur appréhension à relayer l’information et promouvoir les comportements favorables à la limitation de l’altération de la biodiversité. Cette sensibilisation guidera les individus à comprendre que les messages portés sur la dévalorisation de l’écosystème influencent directement leur quotidien et leur stabilité sur tous les plans, (économique, social, sanitaire, …). Les messages les plus utiles à transmettre doivent comprendre, les idées selon lesquels : « les changements climatiques se produisent vraiment et empireront avec le temps ; les scientifiques en sont certains ; les humains sont responsables de ces changements ; les citoyens doivent agir et sont capables de diminuer l’ampleur du phénomène à la condition de s’impliquer immédiatement ». Les informations peuvent tirer parti des conditions relevant de la recherche en communication environnementale (Angus Reid Group, 1992).

L’accent peut être marqué sur le besoin de se protéger, sur la nécessité et la capacité individuelle à prendre des initiatives. Les messages devront également encourager les populations à observer l’environnement autour d’elles. Ils peuvent clairement montrer les actions à réaliser et témoigner que des personnes ont commencé à agir. Les messages ne doivent également pas manquer d’instruction. Les notions clés des changements climatiques comme l’effet de serre en lien avec les actions humaines, peuvent leur être rendues de façon accessible et résumées à plusieurs tentatives, par différents canaux. Des caricatures simples à interpréter et à mémoriser (D. Pruneau, et al., 2001, p. 2) peuvent être utilisées à des fins plus considérées, « telle l’image d’une couche de CO2 recouvrant la terre et qui y conserve la chaleur ». De même, « une ligne du temps pourrait servir à illustrer des changements spécifiques à partir du passé, dans le présent et invitant les personnes à agir pour orienter l’avenir » (S. Schneider, 2008, p. 2).

Des discours rapportant des influences négatives locales actuelles, non seulement sur la nature mais également sur les individus eux-mêmes, peuvent être narrés, pour une prise de conscience personnelle à la favorisation des changements comportementaux. Le sens des messages sur les changements climatiques, doit faire l’objet d’un intérêt particulier afin d’engendrer de l’espérance. Pour Futerra (2007), « la peur doit être employée avec précaution, au risque de provoquer des réactions de déni ». Il est alors souhaité, qu’aucun citoyen ne soit incriminé, ni violenté pour ses agissements, pour motif de l’attachement des individus à leurs semblables. Les messages, doivent inviter la population à démontrer son ingéniosité et sa fierté de prendre en charge ce problème. « L’occasion de construire un avenir prometteur en matière de sécurité, de prospérité et de santé doit être évoquée. Une vision engageante et moralement attrayante doit progressivement être construite » (S. Moser, 2007, p. 73). L’un des objectifs est aussi de les sensibiliser aux bénéfices qu’ils obtiendront en considérant les règles dans l’usage des biens naturels.

Néanmoins, pour que ce programme soit efficace, les individus doivent recevoir des informations pertinentes et faciles à traduire en des comportements. Ces actes doivent contribuer à améliorer leurs habitudes afin d’éviter que l’information transmise ne soit pas directement liée au résultat souhaité. Cette retombée qui doit mener à transformer facilement leurs pratiques, les rendre adaptables et culturellement réceptives, à leur âge, leur sexe, ainsi que leur niveau d’instruction.

Conclusion

L’intention de cette étude était de montrer, après un diagnostic effectué sur les trois cent quarante et deux activités menées depuis une décennie pour la préservation de la biodiversité ivoirienne par le politique, l’importance de la prise en compte véritable de la sensibilisation des populations avec l’aide de messages adaptés. Organisé en cinq points, la première partie de notre démarche porte sur la présentation de la méthodologie.

À ce niveau, nous évoquons la démarche choisie et les supports sur lesquels nos investigations s’adossent. Il s’agit de différents ateliers menés et stratégies élaborées à l’issue de plusieurs rencontres locales, ainsi qu’extérieures tenues pour la protection durable du couvert forestier ivoirien. Au travers de nos théories (la théorie constructiviste et la théorie du changement socio-environnementale) convoquées à la deuxième partie, nous comprenons que l’étude de l’environnement ne doit pas se contenter d’analyser les agressions environnementales ou leur gestion, mais de préférence s’intéresser à la façon de construire les problèmes environnementaux par les autorités publiques et privées dans l’intention de capter les populations ivoiriennes, tout en prenant en compte leur habitude, leur culture et leur coutume avant les phases d’éducation environnementale.

À la troisième phase, nous poussons la compréhension de notre démarche par l’explication, l’analyse des termes « éducation environnementale, biodiversité et communication du risque », en vue de mieux appréhender et orienter notre étude en communication environnementale. L’étape de la présentation et l’interprétation des résultats, la quatrième, confirme par des chiffres que, bien que, pendant ces dix années, les structures à charge de la gestion de la biodiversité organisent individuellement ou conjointement des activités pour sa gestion durable, les agressions se perpétuent et la régression de la superficie végétale est alarmante. Aussi, ces mêmes données démontrent la rareté des activités portant sur la communication environnementale. De cet état de fait, notre cinquième partie qui constitue la dernière, favorise la promotion d’un programme de communication, faisant lieu de propositions afin que les différents individus soient éduqués d’une façon efficace, sur la dégradation de la biodiversité et la dimension incontournable des risques de sa dégénérescence.

Il est impératif de souligner que dans cet article, nous n’avons pas eu la prétention de livrer une panacée aux défis posés par le vaste champ de la communication et l’éducation pour la limitation des effets du changement climatique, ainsi que la protection de la biodiversité ivoirienne. Néanmoins dans la mesure où, les difficultés des notions reliées aux changements climatiques et le type d’éducation se rapporte à une formation pédagogique assez complexe, inspirons-nous de (W. Fraser et T. Greenhalgh, 2001, p. 799) qui soutiennent que, dans ce modèle de pédagogie, « les apprenants doivent développer des capacités de s’adapter au changement, de générer de nouvelles informations et d’améliorer continuellement leurs performances ». Fort de ce constat, nous pouvons affirmer que, c’est à travers un encadrement par des experts que peut se matérialiser cette éducation environnementale en communiquant sur les risques du réchauffement climatique, pour la sauvegarde de la biodiversité ivoirienne.

Nous souhaitons de toute énergie que la communication et l’éducation environnementale devienne une priorité pour les autorités étatiques en Côte d’Ivoire, dans les stratégies de gestion durable de sa biodiversité pour le bien de tous. Dans la mesure où, de multiples horizons mériteraient de faire l’objet d’investigation, nous apprécierons que des experts, des scientifiques et des personnes sur le terrain, fédèrent leurs compétences afin d’aider le politique à faire intérioriser et rendre réalisable à l’aide d’outils le perfectionnement des individus.

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