Infundibulum Scientific

KONGOSSAVIRUS ET CRÉATION DE NOUVEAUX ESPACES DE SOCIABILITÉ EN AFRIQUE

Emmanuelle NGUEMA MINKO
Enseignant–Chercheure
École Normale Supérieure de Libreville

Résumé 

Les périodes de confinement dues à la pandémie du Covid 19 ont obligé les Africains à se soumettre aux réseaux sociaux comme unique espace d’échanges et d’informations. C’est ainsi que le kongossa énoncé dans les espaces de sociabilité réels sera systématiquement transposé dans les nouveaux espaces de sociabilité virtuels au point de devenir viral, d’où le néologisme de kongossavius. La présente contribution se propose de comprendre comment les réseaux sociaux ont réussi à bouleverser les structures de sociabilité classiques pendant la période de la pandémie, en vue de penser la nouvelle configuration des sociétés africaines post covid 19.
Mots-clés : Covid 19, Espaces de sociabilité, Kongossavirus, Rapports sociaux, Réseaux sociaux

Kongossavirus and creation of new spaces of sociability in Africa

Summary

Confinement periods due to Covid 19 pandemic have forced Africans people to submit to social networks as unique space of exchanges and information. In this way the Kongossa enunciates in spaces of real sociability will be systematically transposed in new spaces of virtual sociability to such an extent that it becomes virulent, hence the neologism Kongossavirus. This contribution offers to understand how social networks have succeeded to disrupt classical sociability structures within pandemic period, in order to think the new configuration of Africans’ society post Covid 19.
Keywords: Covid 19 – Sociability spaces – Kongossavirus – Social Links – Social networks

Kongossavirus y creación de nuevos espacios de socialibilidad en África

Resumen

Los periodos de confinamiento por la pandemia del Covid 19 han obligado a los africanos a someterse a las redes sociales como único espacio de intercambio e información. Así es como el «kongossa » enunciado en los espacios reales de sociabilidad será sistemáticamente transpuesto a los nuevos espacios de sociabilidad virtual hasta el punto de hacerse viral, de ahí el neologismo « kongossavius ». Esta contribución pretende entender cómo las redes sociales han conseguido trastocar las estructuras tradicionales de sociabilidad durante el periodo de la pandemia, con el fin de pensar en la nueva configuración de las sociedades africanas post covid 19.

Palabras clave: Covid 19 – Espacios de sociabilidad – Kongossavirus – Relaciones sociales – Redes sociales

Introduction

Plus connue en Afrique centrale sous le nom du « kongossa », la rumeur occupe une place déterminante dans les structures de sociabilité africaines. Elle est un élément essentiel de la construction des représentations sociales, elle permet aux populations de produire une autoréflexivité sur les conditions de domination, elle euphémise l’écart entre les rapports de force et les rapports de sens, elle constitue un contre-pouvoir, etc. Bref, l’analyse du kongossa constitue une porte d’entrée indispensable pour la connaissance, la compréhension, la lecture des rapports de forces, de sens, de domination et /ou de soumission au sein des différents espaces de sociabilité africains. Avec l’avènement et surtout le développement des NTIC, le kongossa qui jusqu’alors se faisait dans un espace de sociabilité réel (débit de boisson, réunion de famille, bureau, école, salle de sport, espace de loisir, etc.) va devoir également changer de forme et de lieu en se créant d’autres espaces et d’autres modalités d’expression virtuelle à travers les réseaux sociaux.

Si l’on définit l’espace de sociabilité comme un groupe d’échanges à l’intérieur duquel les membres partagent les mêmes repères symboliques et entretiennent des relations mutuelles, nous considérons donc l’ensemble des fora, des sites, des pages, des groupes d’action diffusés sur les réseaux sociaux, comme les nouveaux espaces de sociabilité mis en place par les kongosseurs à travers les nouvelles technologies. Par ailleurs, contrairement à la bactérie qui se multiple par scissiparité et dont on peut contrôler le nombre de souches à partir de la cellule mère, le virus lui, se multiplie par réplication, sans contrôle possible sur le nombre de souches susceptibles de se répliquer à partir de la cellule mère. De même, il n’y a aucun moyen de surveillance possible sur la façon dont l’information se répand à travers les réseaux sociaux, sur le nombre de kongosseurs qui y ont accès et qui peuvent encore la démultiplier par des partages successifs. C’est fort de ces analogies entre les caractéristiques d’un virus et celles de la rumeur répandue sur les réseaux sociaux que nous nous proposons de la désigner sous le néologisme du « kongossavirus ».

Dans le contexte social des pays de l’Afrique subsaharienne où l’information officielle est généralement source de suspicion et de défiance, car véhiculée par des médias « aux ordres », les populations ont toujours fait confiance au « bouche à oreille », à la rumeur publique, et donc au kongossa. Cet attrait pour la rumeur aura pour conséquence l’imposition d’une sociabilité virtuelle pendant toutes les périodes de confinement dû à la pandémie du covid 19. En effet, tout au long de ces périodes, toutes les informations officieuses d’envergure devenaient systématiquement virales au point de captiver l’ensemble des kongosseurs sur les fora, lives, vues, likes, et les commentaires y relatifs à travers les réseaux sociaux. Le kongossa viral se donnera même le pouvoir d’organiser des mouvements associatifs et des groupes de rébellion pour orienter l’action collective.

La présente contribution vise à expliquer comment le kongossavirus parvient à imposer de nouveaux espaces de sociabilité virtuelle qui visent désormais à concurrencer, à bouleverser, voire à remplacer les structures de sociabilité « primitives » du kongossa réel. Pour ce faire, nous analyserons la dynamique interne de ces différents espaces de sociabilité imposés par le kongossavirus, et qui tendent à inspirer l’action sociale au point d’en arriver à la structurer et à l’organiser. Cette problématique de la transposition du virtuel au réel en faveur de l’action collective éclaire les théories des mouvements sociaux élaborées par Alain Touraine[1] autour des années soixante pour impulser une action collective :

Les obstacles et les opposants à combattre ;

La définition et l’identité du sujet agissant ;

Les buts à atteindre et le dessin de la nouvelle image à construire.

Au titre de ces nouveaux espaces de sociabilité virtuelle qui ont influencé l’action sociale pendant le confinement, nous allons d’abord examiner la sociabilité activiste afin d’identifier les obstacles à surmonter. Puis nous analyserons les expressions de la sociabilité associative à l’exemple du mouvement « Le syndicat des hommes » pour identifier les acteurs sociaux agissants. Et enfin, l’examen des sociabilités scolaire, familiale et professionnelle nous amènera à déterminer les buts à atteindre et la nouvelle image à construire par ces nouvelles formes sociabilité virtuelle mises en place par le kongossavirus.

  1. Les nouveaux espaces de sociabilité activiste

Nous entendons par « activisme » toute initiative prise dans le sens de l’orientation de l’action collective. En sociologie, l’action collective est définie comme un « ensemble des pratiques coordonnées d’un groupe pour la défense de ses valeurs et de ses intérêts » (P. Ansart, 1999, p. 8). Parler de la sociabilité activiste dans le cadre du kongossavirus reviendrait donc à rendre compte des interactions symboliques que des groupes de pressions africains ont eu à inscrire sur les réseaux sociaux pour orienter l’action collective vis-à-vis de la pandémie du Covid 19, vers de nouveaux modes de pensée et d’action. Cette solidarité virtuelle a été marquée par la diffusion de vidéos, l’organisation des lives, les publications de messages sur les pages facebook, tweeter, instragram, youtube, etc…, pendant les périodes de confinement. Plusieurs artistes, journalistes, médecins, intellectuels, activistes se sont faits remarquer à cet effet, d’autres ont confirmé leur positionnement dans le domaine des revendications par l’influence qu’ils ont eu à travers leurs messages. Selon Michel Foucault (2004), il existe une relation de co-omniprésence entre la résistance et le pouvoir. « Le vrai défi, c’est de faire un diagnostic du champ stratégique afin de déterminer comment modifier la situation, résister efficacement, engager notre liberté ici et maintenant, dans ce champ spécifique pour influencer et diriger les conduites des autres » (M. Foucault, 2004, p.p. 391-392).

    1. L’activisme virtuel des intellectuels

Dans le cadre du kongossavirus relatif à la gestion du covid 19, ce défi sera d’abord relevé en Afrique dans un message de prévention diffusé par les docteurs Marthe Mulumba de la RDC, Thomas Koffi de la Côte d’Ivoire et Elisabeth Nyongo du Kénya[2] dès le 15 février 2020 pour dénoncer la théorie du complot chinois et occidental contre l’Afrique. On aura ensuite la vidéo rassurante du docteur nigérien Zourkaleyni Aloizouma Maiga[3] dès le 16 mars 2020 qui viendra affirmer que le virus coronal ne résiste pas à un climat sec et à des hautes températures. Nous pouvons également mentionner la Lettre ouverte envoyée par 88 intellectuels africains[4] pour interpeller les dirigeants africains sur la nécessité de profiter de la pandémie pour engager des politiques sociales, dès le 14 avril 2020, pour ne citer que ces cas dans le champ de l’activisme des intellectuels[5] dans l’espace de sociabilité virtuelle. D’autres personnalités se sont fait découvrir sur les réseaux sociaux par la pertinence de leurs messages. Nous avons comme exemples l’audio coup de gueule de la ministre camerounaise Minette Libon Li Kikeng qui circule de manière récurrente sur whatsApp depuis le mois de mars 2020 pour éveiller les Africains sur la nécessité de se réconcilier avec leur pharmacopée locale, la vidéo vindicative et accusatrice de la journaliste congolaise Lise Mazambi[6] qui a fait le tour des réseaux sociaux dès le début du mois d’avril 2020 pour dire « non au vaccin contre le coronavirus ». Sans oublier le kongossa viral du Malgache Georges Ratrimoarivony posté sur sa page Facebook le 22 avril 2020 à la suite de la présentation officielle du remède malgache Covid Organic, pour demander aux Occidentaux de s’occuper de leurs morts et les Africains s’occuperaient des leurs. Ces kongossa des scientifiques et autres personnalités africains, très vite devenus viraux sur les réseaux sociaux, ont servi d’appui idéologique pour l’action collective des Africains qui avaient besoin de ces discours d’autorité pour surmonter la psychose suscitée par toutes les informations officielles relatives à la pandémie, et qui prédisaient le pire pour l’Afrique. De ce confort moral qui a redonné confiance aux populations africaines, les artistes et activistes en ont profité sur les plans national et international, pour organiser des évènements, des actions de riposte et de revendication contre-hégémonique à l’encontre de leurs systèmes politiques respectifs, et en critiquant la gestion politique de la pandémie qui se voit désormais assimilée au coronabusiness.

1.2. L’activisme virtuel du coronabusiness

Le concept de « coronabusiness » a été vulgarisé sur les réseaux sociaux depuis le mois d’avril 2020 par l’activiste gabonais Marc Ona Essangui qui publiait les informations relatives à la gestion politique du covid 19 de façon récurrente sur sa page officielle. Dans ces posts, il expose souvent les faits de financements reçus par le Gabon depuis le début de la pandémie, de nombreux dons et d’équipements jamais distribués gratuitement aux populations, et surtout pour dénoncer la décision de rendre obligatoire le test covid pour tout déplacement, même à l’intérieur du pays, et facturé à hauteur de 5.000 FCFA en mode normal et de 20.000 FCFA en VIP depuis le mois d’octobre 2020. De là, tous les kongosseurs (financiers, économistes, citoyens lambda, et tous ceux qui vont se faire tester) s’intéressent dorénavant de trop prêt au business d’Etat sur la gestion de la pandémie du covid 19, et viennent déverser leurs connaissances et leurs expériences sur les réseaux sociaux. Allant dans le même sens, le président de l’ONG Educaf et ambassadeur Leadership et Engagement Jeunesse du Gabon, monsieur Geoffroy Fumbula Libeka, va affirmer lors d’une émission radio devenue virale sur whathsApp dans la dernière semaine du mois de février, que le covid 19 aurait permis à l’Etat gabonais de mobiliser des fonds à plus de 503 milliards de FCFA. Quant au test PCR rendu payant depuis le mois d’Octobre, il aurait rapporté un chiffre d’affaires avoisinant 6,35 milliards entre le mois d’octobre 2020 et février 2021 à l’État ; remettant en cause le bénéfice de 1,2 milliards annoncé par le ministre de la santé quelques jours plus tôt. Et ce tableau général vaut pour la plupart des Etats africains, comme le reconnaît la journaliste Marie Vergès dans une chronique « L’Afrique malade du coronabusiness » publiée dans le Journal Le Monde le 05 novembre 2020 : « Et ce constat désolant vaut pour une bonne partie de l’Afrique. Dans le sillage de la pandémie, la précarité explose en même temps que la corruption prospère ».  Cet espace de sociabilité crée par la rumeur du coronabusiness va permettre aux populations africaines de dénoncer une gestion plus affairiste que sociale de la pandémie du covid 19, réorientant ainsi leur comportement réel vers plus de vigilance à l’égard des pouvoirs publics, désormais soupçonnés de se faire de l’argent à leur détriment. Cette méfiance qui jusqu’alors était énoncée virtuellement, a pu se transformer en mouvement de revendication réelle dans le cas des certains pays africains dont les gouvernements ont manifesté un abus d’autorité avéré envers leurs citoyens.

    1. De l’activisme virtuel à l’activisme réel : le mouvement des casseroles

C’est ainsi qu’au Gabon, le kongossavirus en est arrivé à transposer les révolutions virtuelles dans le paysage sociologique réel. En effet, pour manifester leur mécontentement à l’égard des mesures répressives prises par le gouvernement[7] le 12 février 2021 pour lutter contre la nouvelle variante du virus coronal, certains activistes nationaux ont lancé un mouvement virtuel « concert des casseroles », qui devait prendre effet dès le mercredi 17 février à 20h00. La consigne était que chaque Gabonais se place devant la porte de sa maison dès 20H00, et cogne sur une casserole pendant cinq minutes au minimum. Le mouvement a commencé timidement le mercredi à Libreville, premier jour de son lancement. Et dès jeudi, des artistes influenceurs à l’instar de Créole, Lord Ekomy Ndong, des opposants politiques, des membres de la diaspora active, etc., promettaient de cogner sur leurs casseroles à 20h00 en solidarité avec les souffrances subies par le peuple gabonais à la suite des mesures répressives imposées par leur gouvernement. C’est alors que dans la soirée de jeudi 18 février 2021, le mouvement prendra un élan révolutionnaire par des tapages nocturnes faits par des populations non armées sur toute l’étendue du territoire. Alertées, les forces de l’ordre viendront tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques. Deux morts ont été déplorées à Libreville, dont un jeune étudiant et un père de famille. Dès le lendemain, les autorités judiciaires et de défenses tenteront en vain de justifier cet usage disproportionné des armes à feu sur une population à mains nues, juste avec des casseroles vides et de simples cuillères, et traqueront par la suite tous les initiateurs du mouvement. Cette énième répression policière ayant défrayé la chronique sur les réseaux sociaux, la révolution gabonaise des casseroles a reçu le soutien de plusieurs activistes et membres de la société civile aussi bien en Afrique qu’en Occident, elle a été relayée par des chaines de radio et de télévision nationales et internationales. Aussitôt, Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, n’hésitera pas à déplorer le comportement des Etats qui profitent de la pandémie pour imposer des mesures de répression sur leurs populations, aux médias et aux organisations non gouvernementales.

Tout compte fait, la spatialisation virtuelle des rapports sociaux pour orienter l’action collective des populations africaines dans l’appréhension de la pandémie du covid 19, a pu mettre en place des groupes de pression homogènes avec une dynamique interne qui a abouti à la réalisation d’actions dans l’espace sociologique concret. La sociabilité virtuelle de l’activisme ayant identifié les obstacles et les opposants à combattre, reste maintenant à définir l’identité du sujet agissant à travers un mouvement associatif de genre, né dans l’espace virtuel par la création du syndicat des hommes, qui défraie la chronique sur les réseaux sociaux sur toute l’étendue du continent africain depuis début 2020.

  1. Nouveaux espaces de sociabilité associative : exemple du syndicat des hommes

Une association se traduit par l’expression des intérêts individuels ou de groupes qui permet de comprendre le processus qui fait advenir une cause commune sur la place publique. Du point de vue sociologique, elle est parfois la traduction d’une crise du lien social et de représentation politique, auxquels vont se substituer des corps et des regroupements spontanés intermédiaires. A cet effet, l’approche du fait social associatif relève à la fois d’une sociologie de l’action, d’une sociologie des sociabilités et d’une sociologie politique. Si les données sociographiques indiquent une forte prégnance des femmes dans les engagements associatifs, la sociabilité virtuelle viendra quant à elle, bouleverser la donne avec une association masculine africaine qui fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis 2020 au point d’influencer les agissements réels du genre masculin dans leur engagement affectif avec les femmes.

Á l’initiative du jeune artiste ivoirien Emmanuel Gui, plus connu sous le pseudonyme de Suspect95, le mouvement « le Syndicat » des hommes va se répandre sur les réseaux sociaux à l’allure d’un virus dès le mois d’avril 2020, en dépassant les frontières de la Côte d’Ivoire, au point que chaque pays africain créera son propre forum sur Facebook pour marquer la solidarité masculine sur le rejet de l’escroquerie des femmes. Ce mouvement a d’ailleurs pour devise : « même 2000 francs c’est déjà trop ». La consigne étant de ne pas donner plus de 2000 FCFA à une femme après un rendez-vous pour son taxi. Outre la récurrence des fora et les commentaires massifs que ce sujet suscite sur les réseaux sociaux, des émissions télévisées et radiophoniques sont organisées pendant les heures de pointe sur des chaines nationales dans plusieurs pays africains pour comprendre les motivations des hommes à soutenir un tel principe. Á partir des raisons évoquées par l’ensemble des kongosseurs sur ces mediums virtuels, nous analyserons les trois paradigmes sociologiques évoqués plus haut dans les propos du kongossavirus des « syndiqués » :

2.1. Le syndicat et le paradigme de la sociologie de l’action

Guy Rocher définit l’action sociale comme « toute manière de penser, de ressentir et d’agir dont l’orientation est structurée suivant des modèles qui sont collectifs, c’est-à-dire qui sont partagés par les membres d’une collectivité de personnes » (1968, p. 45). En ce sens, le syndicat des hommes dans la perspective d’une sociologie de l’action s’est établi une règle commune : ne pas donner plus de 2000 francs CFA à une femme pour son taxi. C’est ainsi que lors de l’émission Generation News portant sur le thème « Le syndicat 2000F CFA : le mouvement virtuel qui fait le buzz »[8], diffusée sur la chaine de télévision sénégalaise Média TV, le 09 janvier 2020, les invités reconnaissent que Suspect95 est le leader incontesté de ce mouvement. Lorsqu’on sait que l’orientation de l’action sociale se redéfinit généralement au moment où se pose une problématique de crise des représentations, le journaliste introduit ses propos en montrant que ce comportement traduit les réactions des jeunes au sortir de leurs premières déceptions amoureuses. C’est ainsi que Grace, une invitée à l’émission, trouve « un peu dénigrant » de fixer un prix sur la tête d’une femme, ce qui selon elle, est la preuve que l’homme n’a aucune considération à son égard « si vous aviez déjà vos habitudes, ce n’est pas à cause du syndicat qu’il va décider de te donner 2000 francs alors qu’avant il te donnait un peu plus ». La femme n’étant pas une marchandise en soi, le journaliste et tous les invités estiment toutefois que « lorsque l’argent devient un problème dans une relation de couple, c’est que cette relation a un problème de fond ». La conclusion de Willyhanove, membre du syndicat invité à l’émission, viendra à son tour résumer l’ensemble des propos des invités :

Aujourd’hui il ne s’agit pas de requalifier la valeur de la femme sous une estimation financière. La valeur d’une femme se donne d’abord par l’importance qu’elle-même elle se donne. […] S’estimer important ce n’est pas être orgueilleux et arrogant. S’estimer important c’est se dire je sais ce que je vaux, je pars chez le monsieur, je peux même faire les achats pour ce monsieur, je paye mon transport en aller-retour.

Ces propos augurent la nécessité d’un apprentissage de nouveaux codes, de nouvelles normes, d’un nouveau système de valeurs à intégrer à la socialisation des femmes en vue de convenir aux attentes des « syndiqués » qui, comme dit leur leader Suspect95 dans l’une de ses chansons : « on ne veut plus les go avares! On veut les go qui financent », ont dorénavant besoin des femmes capables de les soutenir.

2.2. Le syndicat et le paradigme de la sociologie des sociabilités

Selon Max Weber[9], les lieux de sociabilité s’étendent à l’ensemble des structures communément appelées « sociales » ; on y regroupe tout ce qui relève des pouvoirs organisés et reconnus tels que l’Etat, l’église, l’école, les associations, le quartier, le village, le lieu de travail, la famille. La sociologie des sociabilités est donc la branche de la sociologie qui analyse les interactions sociales et symboliques qu’entretiennent les acteurs sociaux à l’intérieur de chaque structure sociale. Dans l’espace de sociabilité virtuel constitué par le syndicat des hommes, le kongossavirus relève des expressions de ras-le-bol de la part de la gent masculine qui se plaint généralement de ne représenter qu’un objet de financement pour les femmes. De ces plaintes, les hommes vont développer des stratégies défensives en s’établissant des règles communes pour ne plus se sentir chosifiés par des femmes soupçonnées d’escroquerie. D’où les slogans : « Même 2000 F c’est déjà trop ! », « Je refuse de trahir le syndicat par la tentation des femmes escrocs ! », « Quand je marche dans la vallée de l’ombre des filles matérialistes, je ne crains aucun mal. La houlette et le bâton de la pauvreté me protègent !», etc… Tous ces slogans se multiplient sur les réseaux sociaux à l’allure d’un virus pour constituer « le bouclier protecteur » des « syndiqués » contre les tentations des femmes qui en demandent trop.

Face à ces accusations, les réactions de la gent féminine vont généralement dans le sens de l’indignation en demandant aux hommes d’identifier des catégories de femmes. C’est ce qui ressort de l’intervention de Alina, invitée à l’émission Generation News mentionnée plus haut, elle estime que les hommes sont très frustrés, car fixer un prix aussi dérisoire sur tous les services qu’une femme peut leur rendre lorsqu’elle se déplace chez son ami, est un manque de respect. Selon elle, les syndicalistes appartiennent à la catégorie des hommes qui sont déçus par des types de femmes qui les rejettent habituellement et qui envoient les messages à la fin du mois et en périodes de fêtes pour solliciter leurs services et demander des cadeaux. « L’autre catégorie des hommes respectent les femmes, car ils savent qu’elles ne viennent pas chez eux que pour de l’argent, mais pour bâtir une relation d’amour constructive ; eux ils ne sont pas syndicalistes », conclut-t-elle.

La sociabilité virtuelle créée par l’espace du syndicat des hommes fait donc émerger deux positionnements idéologiques bien distincts qui confrontent les rapports sociaux de genre à travers le kongossavirus. Ce kongossavirus permet ainsi de redéfinir les rapports sociaux de domination et de soumission dans la division du travail social en relation avec la question du genre. Ce qui nous amène à aborder une approche microsociologique de la sociologie politique en tant qu’étude des formes de mécanismes de production de leadership au sein d’un groupe social déterminé.

2.3. Le syndicat et le paradigme de la sociologie politique

Á la question de savoir qu’est-ce que le politique ? Max Weber[10] propose une orientation macrosociologique qui oriente l’ordre politique dans le sens d’une domination basée sur une violence légitime ; il distingue de ce fait trois types de légitimités accordées à la violence : la légitimité traditionnelle, la légitimité charismatique, la légitimité démocratique. Sur le plan microsociologique, Michel Crozier[11] mobilise ce principe de la violence légitime pour renvoyer le phénomène politique à l’analyse des formes d’organisation qui établissent la légitimité de la violence et du conflit comme une règle du jeu nécessaire à la fondation du pacte de sociabilité au centre de l’interaction sociale. A cet effet, l’ordre politique permettra de comprendre les mécanismes de production du pouvoir qui amènent un acteur social à influencer les agissements d’un tiers pour le persuader à agir d’une manière qu’il n’aurait jamais pensé à faire de lui-même en dehors du cadre de leur interaction.

Dans l’espace de sociabilité virtuel constitué par le syndicat des hommes, la gent masculine mobilise effectivement des stratégies de persuasion qui leur octroient une certaine légitimité non seulement envers les hommes non syndiqués, mais aussi envers les femmes. C’est ainsi que sur les réseaux sociaux, nous retrouvons cet ordre de kongossavirus de la part des « syndiqués » : « Je suis un vrai homme s’est fait insulter par sa go ce matin parce qu’il ne lui a remis que 700 francs pour le taxi », « les syndicalistes sont des avares s’est fait larguer par sa nana la semaine dernière parce qu’il a perdu son emploi », « les syndicalistes sont des machos s’est battu avec sa copine toute la nuit parce qu’elle ne lui a pas fait à manger », etc… Dans les commentaires qui s’en suivent, on voit clairement que ces messages sont lancés comme des pamphlets aux hommes non syndiqués qui stigmatisent les syndicalistes d’être des faux hommes, des frustrés, des avares, des machos. Le but étant de les persuader à adhérer à la logique du syndicat dans un contexte où la gent féminine est jugée matérialiste, superficielle et volage, donc susceptible de se séparer d’un homme à la moindre difficulté financière. Et à l’endroit des femmes, l’intervention de Willyhanove lors de l’émission Génération News résume bien les stratégies discursives de persuasion des syndicalistes : « S’estimer important ce n’est pas être orgueilleux et arrogant. S’estimer important c’est se dire je sais ce que je vaux, je pars chez le monsieur, je peux même faire les achats pour ce monsieur, je paye mon transport en aller-retour ». Ce mélange de pamphlets et de stratégies discursives constitue la force de persuasion sur laquelle s’appuie le pouvoir des syndicalistes pour amener les hommes non syndiqués et les femmes qui portent encore un regard suspicieux sur le syndicat, à adhérer à la vision et aux objectifs de ce mouvement associatif masculin qui affirme ne plus vouloir reculer face aux nombreuses stratégies d’escroquerie déployées par les femmes matérialistes.

En définitive, la forme de sociabilité mise en place par le syndicat des hommes a pu mobiliser un groupe social (les syndicalistes) à exprimer une préoccupation commune sur l’espace virtuel pour déterminer leurs agissements réels avec la gent féminine. Comme toute structure associative réelle, le kongossavirus du syndicat des hommes est symptomatique d’une crise de représentation relative aux rapports de genres. La solution à cette crise, tout autant virtuelle, a tout de même relayé les trois paradigmes dont relève toute approche sociologique du fait associatif (action, sociabilité et politique). Ce parallélisme systématique tend déjà à semer la confusion entre sociabilité réelle et sociabilité virtuelle au point qu’il devient désormais difficile de déterminer les lignes de démarcation entre ce qui relève de l’espace réel et de l’espace virtuel dans la nouvelle configuration de la vie familiale, scolaire et professionnelle.

  1. Nouveaux espaces de sociabilité familiale, scolaire et professionnelle

Considérée comme instance de socialisation primaire, le rôle de la famille tend de plus en plus à disparaître pour laisser sa place à l’école. En effet, avec la modernité, la professionnalisation des deux parents fait que les enfants sont laissés à la crèche avant même leur premier anniversaire. Et par voie de conséquence, c’est en milieu scolaire que les enfants reçoivent désormais leurs premiers apprentissages, et ils y passent une bonne partie de leur vie, de la crèche jusqu’à la fin de leurs cursus universitaires. Le lieu de travail, jadis considéré comme instance de socialisation secondaire, pour ne pas dire tertiaire (derrière la famille et l’école), est lui aussi devenu le milieu dans lequel, au sortir de leurs cursus scolaires, les adultes vont passer plus de la moitié de leur temps. Ce qui fait que, bien avant la mise en place des mesures de confinement dues à la riposte de la pandémie du covid 19, l’école et le milieu professionnel se substituaient déjà au rôle traditionnellement voué à la famille, tant parents et enfants passaient plus de temps hors de leurs domiciles respectifs pour ne se retrouver qu’en soirée pour se reposer, et repartir dès le lendemain matin vers leurs lieux d’occupation respectifs. Ainsi, pour connaître la nouvelle configuration sociale qui sera mise en place par le nouvel espace de sociabilité virtuelle, il est important d’analyser les nouvelles modalités de gestion de la sociabilité au sein des familles, des structures d’apprentissage, mais aussi en milieux professionnels.

3.1. La nouvelle sociabilité familiale

Bien avant l’application des mesures barrières dues au covid 19, le développement et la généralisation des NTIC avait conduit à la création de plusieurs fora associatifs, ethniques, claniques, familiaux sur les réseaux sociaux, se substituant aux rencontres physiques de leurs différents membres qui sont généralement éparpillés à travers le monde. Mais jusqu’alors, les membres présents dans la même commune avaient le choix entre se retrouver pour organiser des réunions physiques, et faire des débats virtuels via le forum. Mais depuis mars 2020, avec le premier confinement, le choix ne s’offre plus aux membres de ces regroupements familiaux que de se contenter de kongosser sur les seuls espaces de sociabilité qui leur sont dorénavant devenus disponibles : c’est-à-dire les réseaux sociaux. Et jusqu’aujourd’hui, les informations, les disputes, les blagues, les réunions de famille, les palabres et même les réjouissances qui les accompagnent se tiennent sur les groupes whatsApp et Facebook, les rencontres présentielles devenant de plus en plus rares. Les occasions de mariage, des anniversaires et des nouvelles naissances, qui obligeaient les membres d’une même famille à se retrouver au domicile, au village, voire à l’étranger, pour festoyer, se substituent désormais par les téléchargements de photos de profil sur le forum, l’envoi des audios, des vidéos, des messages, dans lesquels chacun des membres viendra témoigner sa sympathie à leur frère, sœur, nièce et neveu qui a organisé l’évènement virtuel. C’est dire que même dans le cadre de la famille où les membres se rencontraient à une fréquence hebdomadaire, où les membres les plus éloignés se retrouvaient annuellement pour les vacances et/ou pour toute autre réjouissance, deuil, évènement quelconque, toute la sociabilité se vit aujourd’hui en mode kongossavirus sur l’espace virtuel.

3.2. La nouvelle sociabilité scolaire

Avant la pandémie du covid 19, les enseignements, conférences, séminaires et colloques online étaient le fait des enseignants qui justifiaient d’une absence. Et ces dispositions n’étaient admises que dans les universités, car, pour le primaire et le secondaire, l’enseignant se voit obliger d’être en salle de classe pour dérouler toutes les séquences didactiques de la séance de cours. Avec l’application des mesures barrières, le présentiel ne sera plus autorisé. Les pays développés vont prendre des dispositions pour généraliser l’enseignement en ligne au secondaire et dans les universités, au point que la dématérialisation de l’enseignement deviendra la nouvelle norme pour toute structure éducative qui souhaite poursuivre ses activités pendant les périodes de confinement. Et en Afrique, seules les universités les plus outillées dans des Etats ayant un réseau numérique performant et étendu, s’en sont sorties pendant les périodes de confinement en hébergeant tous leurs enseignements sur des plateformes virtuelles mises en place soit avant la pandémie, soit pendant le confinement. Mais dans les pays tels que le Gabon, la pratique est encore en balbutiement aussi bien dans les universités que dans les lycées et collèges. Pour la rentrée scolaire 2020-2021 par exemple, faute de structures pour respecter les gestes barrières et pour organiser les enseignements en ligne, le Ministère de l’Education Nationale avait dû innover en réduisant la masse horaire des cours en présentiel dans les lycées et collèges. C’est ainsi que les collégiens et lycéens gabonais se retrouvent à faire deux à trois demi-journées de cours par semaine sans que cela ne soit compensé par des enseignements online. Quoi qu’il en soit, plusieurs réflexions sont en cours de la part des spécialistes des sciences de l’éducation pour pouvoir adapter la nouvelle pédagogie et les postures didactiques à l’enseignement virtuel. Et par conséquent, le lien social établi entre collègues et entre camarades (sociabilité horizontale), avec l’administration (sociabilité verticale ascendante), et avec les élèves/étudiants (sociabilité verticale descendante) dans les espaces scolaires et universitaires est en phase de revêtir de nouvelles formes pour s’adapter à celle initiée par le kongossavirus, d’autant plus que les rencontres physiques deviennent de plus en plus rares.

3.3. La nouvelle sociabilité professionnelle

Avant la pandémie du covid 19, le travail distanciel était essentiellement pratiqué par les hauts cadres des ressources humaines et les entrepreneurs en perpétuelle mobilité pour assurer la continuité de la gestion de l’entreprise en dépit de leurs multiples déplacements. Mais depuis l’effectivité de la pandémie, la pratique du télétravail s’est généralisée sur l’ensemble du secteur tertiaire et sur les responsables ressources humaines et autres managers de n’importe quel secteur d’activité, pour assurer le réaménagement des agents sur le terrain en période de confinement. Ces dispositions qui étaient d’abord prises dans les pays industrialisés pour faire face à la crise sanitaire ont aussi été adoptées par les pays africains. En effet, avec l’expansion mondiale de la pandémie, toutes les entreprises qui se veulent compétitives se voient désormais obligées de former leurs agents à la pratique du télétravail pour continuer leurs services en dépit du confinement, à défaut de fermer. Pour ces agents donc, leur sociabilité classique qui s’exerçait en présentiel sur leur lieu de travail, devrait également se réorienter vers une sociabilité virtuelle. Un nouveau lien social qui s’établit désormais à travers le portail intranet de l’entreprise.

En outre, la structuration des liens de sociabilité au sein des familles, dans les lieux d’apprentissage et en milieux professionnels, est un indicateur du degré d’adhésion aux valeurs partagées par les membres d’une société. Si ces liens sont stables, l’édifice moral qui est constitutif du devenir de ladite société le sera également. Et lorsqu’on sait que les valeurs sont « les éléments les plus stables de notre personnalité. C’est le moteur qui nous fait agir et nous donne de l’énergie pour entreprendre. C’est le socle de la confiance en soi » (E. Eyeang, 2015, p.25), il convient de se demander par quelles modalités techniques la dématérialisation des liens sociaux pourrait parvenir à préserver cette stabilité au sein des structures de sociabilité réelle dans la nouvelle configuration des espaces sociaux ?

Conclusion

Du point de vue sociologique, la notion d’espace est toujours socialement marquée, divisée, disputée, négociée, ignorée, explorée, aménagée, préservée, mais aussi socialement perçue, construite, représentée, vécue et conçue. Et c’est pour cette raison que la moindre modification dans la spatialisation des rapports sociaux admet aussi des conséquences sur l’organisation sociale globale. C’est ainsi que les divisions, les disputes, les aménagements, les représentations, du kongossa dans l’espace de sociabilité physique seront systématiquement transposées par le kongossavirus dans le nouvel espace de sociabilité virtuelle.

Dans un article publié en 2015[12], Eugénie Eyeang s’indignait déjà de certaines pratiques anarchiques et révoltantes devenues familières au sein de la société gabonaise pour dénoncer la déficience des valeurs sociales dans l’espace de sociabilité réelle. En effet, affirme-t-elle, « du cercle familial à l’école, en passant par les administrations et les institutions, le partage des valeurs est mis à rude épreuve. Et ce, quel que soit le terrain où l’on se place » (E. Eyeang, 2015, p. 26). Par ailleurs, les nouvelles formes de sociabilité virtuelle que nous avons analysées dans le présent article dénotent également d’une déliquescence du lien social. En effet pour la nouvelle sociabilité activiste virtuelle qui définit l’ennemi à combattre, les propos du kongossavirus renvoient systématiquement à l’hypermilitantisme foucaldien qui voit dans l’activisme « le rôle d’adversaire, de cible, de saillie pour une prise. Ces points de résistance sont présents partout dans le réseau de pouvoir » (M. Foucault, Op. Cit., p. 391). Pour ce qui est de la sociabilité associative qui définit le sujet agissant, le kongossavirus inscrit les propos des syndicalistes dans les trois paradigmes sociologiques du fait associatif réel, traduisant ainsi une crise de représentation de l’approche genre dans l’espace social virtuel au même titre que ce qui s’observe dans l’espace réel. Enfin pour la sociabilité familiale, scolaire et professionnelle qui définit la nouvelle configuration sociétale, on réalise que les instances de sociabilité primaire et secondaire tendent inéluctablement à dématérialiser le lien social ; d’autant plus que les contacts physiques entre leurs membres respectifs se substituent désormais aux messages reçus par médiums technologiques interposés.

Cependant, cette évidence structuro-fonctionnaliste ne suffit pas pour élucider la configuration des structures de sociabilité des sociétés africaines après le covid 19. Car, en termes de socialité, l’élucidation ne doit pas se limiter à la simple explicitation d’un fait de société, elle doit revêtir une dimension praxéologique. Ceci dit, même si les interactions physiques établies par le kongossa dans les structures de sociabilité réelles étaient sujettes à controverses, l’élucidation opérée par le kongossavirus reviendrait à agrémenter les interactions symboliques pour compenser la distanciation physique par le charme virtuel dans la construction des nouveaux espaces de sociabilité dans lesquelles les sociétés africaines sont résolument orientées après la pandémie du covid 19.

D’autant plus que le lien physique établi par le kongossa est en phase de se faire remplacer par le lien numérique du kongossavirus dans le monde d’après covid 19, par quels modalités les divers espaces de sociabilité pourraient-ils refonder le lien social au sein de cette nouvelle configuration virtuelle ? Autrement dit, la sociabilité virtuelle en construction ne signe-elle-pas la fin des relations humaines ? Toutes ces interrogations orientent l’analyse du kongossavirus dans une perspective de philosophie morale, tant les préoccupations éthiques restent le principal enjeu dans la configuration des nouveaux espaces de sociabilité mis en place par cet irréversible processus de dématérialisation du lien social dans les sociétés africaines, et par extension, dans le monde après la pandémie du covid 19.

Indications bibliographiques

CROZIER Michel, 1963, Le phénomène bureaucratique, paris, Seuil ;

EYEANG Eugénie, 2015, « L’importance des valeurs dans une société. Esquisse de la situation du Gabon », in EYEANG Eugénie et QUENTIN DE MONGARYAS Romaric Franc, Les valeurs dans la société gabonaise. Etat des lieux, enjeux et perspectives, Libreville, ODEM ;

FOUCAULT Michel, 2005, Philosophie. Anthologie, Paris, Folio ;

ROCHER Guy, 1968, Introduction à la sociologie générale. L’action sociale, Paris, Point, Tome 1 ;

TOURRAINE Alain, 1973, Production de la société, Paris, Seuil ;

WEBER Max, 1995, Economie et société. Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, Tome 1 ;

WEBER Max, 1995, Economie et société. L’organisation et les puissances de la société dans leurs rapports avec l’économie, Paris, Plon, Tome 2.

Indications webographiques

https://babilown.com/2020/02/23/lepidemie-de-coronavirus-et-la-complicite-chinoise-et-occidentale-contre-les-africains/ publié le 23 février 2020

Journal L’Indépendant, « Dr vétérinaire Zourkaleyni Aloizouma Maiga : Le coronavirus est un virus qui ne peut pas résister à plus de 20 degré C », http://news.abamako.com/h/231362.html, publié le 16 mars 2020

https://africanshapers.com/covid-19-88-intellectuelless-africaines-interpellent-les-dirigeants-africaines/, publié le 14 avril 2020 ;

http://pagesafrik.info/non-au-vaccin-c-19-en-afrique-nous-ne-sommes-pas-des-cobayes-ev-lise-manzambi/ publié le 03 avril 2020

VERGES Marie, «L’Afrique malade du coronabusiness », Journal Le Monde, https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/05/l-afrique-malade-du-coronabusiness_6058557_3232.html, publié le 05 novembre 2020

https://www.youtube.com/watch?v=lYDuUOQJ-WE, Consulté le 12 décembre 2020a

  1. Confère TOURAINE Alain, (1973), Production de la société, Paris, Seuil ;
  2. https://babilown.com/2020/02/23/lepidemie-de-coronavirus-et-la-complicite-chinoise-et-occidentale-contre-les-africains/ publié le 23 février 2020
  3. Journal L’Indépendant, « Dr vétérinaire Zourkaleyni Aloizouma Maiga : Le coronavirus est un virus qui ne peut pas résister à plus de 20 degré C », http://news.abamako.com/h/231362.html, publié le 16 mars 2020
  4. https://africanshapers.com/covid-19-88-intellectuelless-africaines-interpellent-les-dirigeants-africaines/, publié le 14 avril 2020 ;
  5. Les contenus de tous ces kongossavirus sont développés dans un article en cours de publication ‘le kongossavirus : une idéo-logique de la résistance africaine »
  6. http://pagesafrik.info/non-au-vaccin-c-19-en-afrique-nous-ne-sommes-pas-des-cobayes-ev-lise-manzambi/ publié le 03 avril 2020.
  7. Il s’agissait entre autres de la fermeture des Moutouki intervenue une semaine plus tôt, le couvre-feu à 18h, la présentation du test négatif pour accéder à certains ministères, l’obligation du test négatif pour les boulangers, etc.
  8. https://www.youtube.com/watch?v=lYDuUOQJ-WE, Consulté le 12 décembre 2020
  9. WEBER Max, 1995, Economie et société. Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, Tome 1
  10. Confère WEBER Max, 1995, Economie et société. L’organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l’économie, Paris, Plon, Tome 2 ;
  11. Confère CROZIER Michel, (1963), Le phénomène bureaucratique, paris, Seuil ;
  12. Confère EYEANG Eugénie, (2015), « L’importance des valeurs dans une société : Esquisse de la situation du Gabon », in EYEANG Eugénie et QUENTIN DE MONGARYAS Romaric Franc, Les valeurs dans la société gabonaise. Etat des lieux, enjeux et perspectives, Libreville, ODEM,