Témoins de deux siècles de prosélytisme positivisme, les traditions de pensée seraient prises de la tentation d’investir tout dépassement de la métaphysique à l’aune de la rupture. Le vérificationnisme comtien en faisant de l’ontologie l’archétype de la scorie semble avoir posé les œillères d’une telle péjoration. Or, il importe de noter que de Comte à Heidegger, la représentation du discours sur l’être subit une mutation de coefficient dont la lecture à rebours met à nue le quiproquo du dépassement de l’ontologie comme éviction. Du phénoménisme à la phénoménologie, se joue ainsi une équivocité du concept qu’avait tenté de biffer – à coup de confirmationnisme réducteur – le strabisme volontaire de la logique positiviste. Mais dépasser la métaphysique, loin de la jeter aux orties, n’est-ce pas précisément la porter au pinacle, par la saisie de ses éclaircies aux saillies de la poésie ? Il apparait ainsi que la parole poétique ramène le discours sur l’être en son lieu et devient ainsi réceptacle d’un dépassement non pas postulé au sens de la disqualification, mais à celui de la requalification de la parole ontologique. Mots-clés : Phénoménologie ; métaphysique ; poésie ; dépassement.